À l’occasion des 2èmes universités d’été du conseil national consultatif des personnes handicapées à la Bibliothèque Nationale de France, table ronde du 21 septembre 2021 : violences à l’encontre des femmes handicapées : parlons-en !
avec Muriel Salmona, psychiatre spécialisée en psychotraumatologie, présidente de l’association Mémoire traumatique et victimologie ; et Marie Rabatel, membre du groupe handicap du Grenelle des violences conjugales, membre permanente de la commission indépendante inceste et violences sexuelles faites aux enfants (CIIVISE), présidente de l’association francophone de femmes autistes.
animation : Céline Poulet, secrétaire générale du comité interministériel du handicap
Céline Poulet : Bonjour à toutes et à tous. Nous avons voulu aborder ce fléau que représentent les violences à l’encontre des femmes en situation de handicap. Briser le silence pour évidemment qu’il ne bénéficie pas aux agresseurs. Pour parler du sujet, avec moi, deux expertes. Nous avons Muriel Salmona, présidente de l’association mémoire traumatique et victimologie, qui est psychiatre. Et également Marie Rabatel, qui est membre du grenelle contre les violences à l’encontre des femmes, membre de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants et qui est présidente de l’Association Francophone de Femmes Autistes.
L’objectif, aujourd’hui, c’est de parler des violences, surtout pour donner les clés pour pouvoir agir ensemble, pouvoir repérer les violences et aider les femmes victimes. On peut tous, chacun et chacune, être avec les personnes et les femmes victimes. Comment fait-on pour repérer, les accompagner ? Docteur Muriel Salmona, je voulais vous poser une question. On parle d’un fléau. Peut-on avoir un état des lieux chiffré de ce fléau en France ? On parle souvent de double discrimination, être femme et en situation de handicap. Qu’en est-il ?
Muriel Salmona : Oui, les femmes sont beaucoup plus exposées aux violences sexistes et sexuelles que la population générale. Les femmes handicapées vont être encore plus exposées à ces violences.
Déjà, on sait que toutes les personnes en situation de handicap peuvent être exposées beaucoup plus aux violences, mais là, il y a une exposition spécifique pour les femmes. On a des chiffres qui sont impressionnants par exemple les violences conjugales : 35 % des femmes en situation de handicap subissent des violences conjugales, contre 18 % pour l’ensemble de la population. Pour ce qui est des violences sexuelles, c’est au moins deux fois plus de risques de subir des violences sexuelles quand on est une femme. Quand on est une fille, c’est quatre fois plus de risques. Suivant les handicaps, le risque augmente. Les violences s’exercent toujours dans les rapports de force, de domination. C’est un exercice vraiment pour soumettre l’autre. Ce sont des violences qui sont toujours discriminantes. On va se retrouver dans des situations, où les discriminations vont s’additionner pour constituer un danger très important pour toutes les femmes qui sont en situation de handicap. C’est là où il faut agir.
Céline Poulet : Marie Rabatel, présidente de l’Association Francophone de Femmes Autistes. Vous avez fait une enquête pour avoir des chiffres pour recueillir aussi l’avis des femmes ? Pouvez-vous nous en dire un peu plus au regard de cet état des lieux ? Avez-vous également des chiffres ?
Marie Rabatel : Concernant les femmes autistes, une étude avait été menée par le Docteur Gourion et présentée au Congrès de l’encéphale en 2019. Ils ont révélé que 88 % des femmes autistes ont subi une ou plusieurs agressions sexuelles. 51 % avant l’âge de 14 ans, et 37 % avant l’âge de 9 ans.
Céline Poulet : Donc quand on parle de fléau on parle bien de violences qui touche toutes les formes de handicap. Docteur Salmona, quand on parle de violence, de quoi on parle et comment est-ce qu’on les repère ?
Muriel Salmona : La violence, c’est un comportement pour faire mal, avec une intention de nuire et de détruire. Concernant les violences spécifiques faites aux femmes, il s’agit essentiellement de violences conjugales, par des partenaires et des violences sexuelles qui comportent les agressions sexuelles, le viol, le harcèlement sexuel. Ce sont des situations pornographiques, par exemple. Ça peut être aussi dans le cadre de mariage forcé ou de violences à connotation gynécologique, avec avortement forcé, etc. Il y a cet ensemble de violences qui sont spécifiques aux femmes et qui vont avoir un impact psychotraumatique très important et avoir des conséquences sur la santé des femmes très important. Il y a souvent beaucoup de stéréotypes qui nuisent aux victimes, avec une sorte de propagande antivictimaire, et des stéréotypes des violences sexuelles : qui seraient uniquement des violences vis-à-vis de femmes jeunes, faites par un inconnu, dans un parking, la nuit. On n’est pas du tout dans ce registre là. Plus de 90 % sont des personnes connues des victimes. Il ne s’agit pas de sexualité, il s’agit vraiment de volonté de puissance, de destruction, d’exercice de la violence pure. Tout cela nuit, parce que les personnes en situation de handicap, il y a vraiment un déficit pour penser ces violences, pour les penser. Il faut vraiment ouvrir les yeux sur cette réalité. Non seulement entendre les personnes qui témoignent de ces violences, les personnes en situation de handicap, mais également aller au-devant d’elles pour savoir ce qu’elles vivent et subissent. C’est une infime partie de ces personnes qui pourront témoigner, qui auront la possibilité de le faire, qui ne seront pas trop traumatisées et auront la possibilité de communiquer sur ce qui leur arrive. Il faut aller au-devant d’elles.
Céline Poulet : Est-ce qu’on a aujourd’hui des outils qui nous permettent de repérer cette violence, quand on est avec des femmes en situation de handicap, de les aider à s’exprimer ? Est-ce que les professionnels de santé, les médecins traitants qui sont souvent les premiers interlocuteurs, est-ce qu’ils peuvent repérer ou poser systématiquement la question, ou est ce qu’on en n’est pas encore là ?
Muriel Salmona : On n’en est pas encore là, malheureusment. Il y a une marge de manœuvre énorme à mettre en place. Les médecins ne sont pas suffisamment formés au psychotraumatisme et ils ne sont pas formés à la spécificité du handicap et la façon d’aborder les personnes traumatisées et en situation de handicap. Ils doivent connaître les mécanismes psychotraumatiques. Il y a plein de méconnaissances qui font qu’on va mettre les troubles psychotraumatiques contre les victimes, on va les retourner contre les victimes. Dans les cas de dissociations des émotions et de certaines pathologies, on va par exemple penser que les victimes étaient consentantes par rapport à ce qu’elles ont subi. Ou alors on va penser qu’elles ne sont pas crédibles, car elles ont une façon de dire les choses qui n’est pas ce que les gens attendent, car elles ont une méconnaissance du trauma et de la situation des personnes handicapées.
Il faut avoir les outils pour savoir comment poser les questions pour ne laisser personne en rade. Les violences sexuelles démarrent très jeunes. La majorité des victimes de violences sexuelles sont des enfants de 0 à 18 ans. Les personnes en situation de handicap subissent beaucoup plus de violences sexuelles, particulièrement les filles. Donc il faut systématiquement prendre en compte les symptômes de troubles du comportement, d’état de souffrance, d’état d’agitation. Et puis il y a des éléments spécifiques au trauma qu’il faut repérer absolument. Mais malheureusement, c’est souvent mis sur le compte du handicap ou de la personnalité de la personne, par exemple du sexe féminin, malheureusement. Or, avoir subi des violences sexuelles, les conséquences psychotraumatiques vont être beaucoup plus lourdes pour les personnes en situation de handicap, car leur cerveau est plus vulnérable. Il est encore plus important d’aller à leur secours et d’éviter toutes ces conséquences en les protégeant et en les prenant en charge.
Céline Poulet : Merci beaucoup docteur. Marie Rabatel, quelles sont aujourd’hui les actions, les outils que l’on a ? Qu’est-ce qu’on fait quand on a repéré une femme qui est victime de violences ? Comment peut-on l’aider dans le quotidien ? Que faut-il faire dans notre vie quotidienne, et également quand les personnes sont accompagnées dans les établissements médico-sociaux ? Vous travaillez beaucoup sur le sujet. Quelles sont vos préconisations pour aider tout le monde à monter en compétences ?
Marie Rabatel : Il faudrait arrêter de faire comme si on n’avait rien vu, rien entendu, comme si on ne savait rien. Aujourd’hui il existe des outils qui permettent d’essayer de repérer les violences que subissent les personnes en situation de handicap en général. On a réalisé, l’association mémoire traumatique, l’Association Francophone de Femmes Autistes, on a réalisé un module auto-formatif à destination des professionnels et des familles pour leur permettre de prendre conscience que les violences sur les personnes en situation de handicap existent. Et comment on peut repérer. Il y a des petites choses. Muriel l’a bien expliqué. Il ne faut pas tout mettre sur le dos du handicap. On est d’abord des êtres humains avant d’être des handicapés. J’ai volontairement utilisé ce mot comme ça. On est d’abord des êtres humains. On a des conséquences psychotraumatiques au même titre qu’une personne non handicapée. Il faut y être très attentif, aux changements de comportement soudains, au fait qu’une personne, du jour au lendemain, peut devenir très agressive. Des petits détails qu’on a toujours tendance à prêter au fonctionnement de la personne, en lien avec le handicap de la personne. On a réalisé dernièrement une circulaire à destination des directeurs d’établissements pour leur faire prendre conscience que finalement, s’ils ne dénoncent pas, ils sont pénalement responsables. Ils doivent dénoncer ce qui se passe dans leur institution. On n’a pas parlé de toutes les violences, mais il y a aussi les violences où on va ligaturer les trompes des femmes handicapées en institution. Ça existe, des choses comme ça.
On est dans la réalisation d’autres outils, dont un qui est dans la prise en compte du psychotraumatisme des personnes en situation de handicap. Il existe aussi des fiches qui sont réalisées par HandiConnect, à destination des professionnels, qui ont en charge des personnes en situation de handicap. Ce sont des fiches qui permettent de bien comprendre et de savoir comment agir. Quand on est en situation de handicap, la société a souvent envie de penser à notre place, de faire à notre place. Sauf que non, il faut écouter les personnes handicapées quand elles parlent, il faut les écouter. Il y a aussi toutes ces personnes qui sont non verbales. Ce n’est pas parce qu’elles ne parlent pas avec des mots qu’elles n’expriment pas des choses. Il faut être attentif à l’expression du corps et il faut arrêter de faire comme si ça n’existait pas.
Céline Poulet : Ce matin, on avait une table ronde sur la vie intime sexuelle des personnes handicapées. C’était une séquence 100 % femmes. Où sont les hommes ? Est-ce qu’il n’y a pas une action à mener dans le cas des violences à l’encontre des femmes en situation de handicap vis-à-vis des hommes ? Qu’est-ce que l’on fait ? Comment on agit au plus tôt, auprès des jeunes garçons ? Quelles sont vos préconisations ?
Muriel Salmona : Ce sont des violences sexistes, discriminantes et qui sont masculines dans plus de 90% des cas. Les hommes, il faut s’adresser à eux. Le premier facteur de risque de commettre des violences, c’est d’en avoir subi, même si dans l’ensemble, le facteur de risque, c’est de continuer à subir des violences dans un continuum de violences.
Pour les garçons, la société leur octroie un certain nombre de privilèges d’accès au corps et à la personne d’une femme, pour la transformer en esclaves sexuelles domestiques. Il faut vraiment changer la donne. Il faut agir très tôt sur le respect de droits des personnes sur une vision de la sexualité qui ne soit pas une vision violente de la sexualité, prédatrice et consommatrice. Il faut informer. Il faut expliquer que c’est interdit. La loi dit que ce sont des crimes et des délits, qui sont aggravés sur les personnes en situation de vulnérabilité. Il y a tout un pan de formation, d’information, d’éducation à mettre en place. Et surtout ne rien laisser passer. Un enfant qui a des comportements sexuels inappropriés, il ne faut pas le mettre sur le dos du handicap, comme c’est souvent le cas. Il faut tout de suite chercher à savoir ce qu’il a vécu, pourquoi il a ces comportements-là. Ça fait partie des troubles psychotraumatiques. Il faut agir auprès de lui pour protéger les autres, le soigner. Il faut faire en sorte qu’on ne le laisse pas agir en toute impunité. La lutte contre les impunités est importante en s’adaptant. Je rappelle qu’il y a une obligation de signalement pour les personnes vulnérables, pour toutes ces violences. Il faut que tout le monde agisse. Il faut que tout le monde se préoccupe absolument des personnes qui sont en situation de vulnérabilité, et leur poser systématiquement des questions.
Céline Poulet : Merci beaucoup. Je retiens qu’en tant que citoyens et citoyennes, nous avons des fiches techniques qui nous permettent de comprendre la situation, d’agir, de porter plainte,
de faire des mesures de signalement. On a cité HandiConnect. Tout le monde peut y avoir accès. La formation est importante. Marie Rabatel, est-ce que vous estimez qu’aujourd’hui, qu’on parle plus du sujet des femmes en situation de handicap et des violences ? J’ai commencé en introduction en disant que c’est un fléau. C’est aussi le silence sur ces questions. Pensez-vous qu’aujourd’hui, il y a quelque chose qui se mette en place ?
Marie Rabatel : On n’en parle jamais assez. Je crois quand même qu’aujourd’hui, il y a une prise de conscience des violences, notamment des violences sexuelles que subissent les personnes en situation de handicap, notamment les enfants et les femmes. Pourquoi ? À ma connaissance, c’est le seul sujet qui est traité de manière interministérielle. Ce sujet, nous l’avons sorti du champ du handicap et nous l’avons rattaché à tout ce qui concerne les violences faites aux femmes. Avant d’être des femmes handicapées, nous sommes des femmes. Le fait que ce soit interministériel, a permis que les différents ministères se saisissent de la problématique alors que, jusqu’à présent, ils n’avaient peut-être pas conscience de ce fléau et de ce silence. Cela a permis de la visibilité. Il ne faut pas oublier non plus qu’aujourd’hui, la société a pris conscience que les femmes vivent des violences au quotidien, quelle que soit leur spécificité, avec la double peine du handicap, qui est un facteur de vulnérabilité supplémentaire.
Céline Poulet : Merci beaucoup Marie Rabatel. Docteur Salmona, dans votre pratique professionnelle, je rappelle que vous êtes psychiatre et spécialiste de la psychotraumatologie. Dans votre pratique professionnelle, voyez-vous une évolution vis-à-vis des autres professionnels ? Est-ce que c’est un sujet trop longtemps mis en silence ? L’inceste a été mis en avant. Cela a entraîné les femmes et les enfants à s’exprimer sur ce sujet. Pensez-vous que c’est un sujet dont on va parler plus ? Est-ce que vous ressentez que c’est un sujet qui est en train de remonter ? Quelles sont vos préconisations ?
Muriel Salmona : C’est un sujet dont on parle de plus en plus. Je tiens à saluer le courage de toutes les femmes qui ont témoigné depuis tant d’années. Elles font souvent tout le travail pour faire émerger ce problème de société très grave, avec des conséquences très lourdes et à long terme. La prise de conscience de la gravité et de l’impact que cela a. Ce sont vraiment de triples peines. Les conséquences vont être plus lourdes pour les personnes en situation de handicap et à plus long terme. Les choses bougent. Je suis aussi membre de la Commission indépendante inceste et violences sexuelles. On va faire en sorte que cela bouge. Il est urgent que cela bouge, en fait il est urgent que ça bouge. Il ne faut pas dire que cela continue et que cela évolue. C’est une urgence. Il faut protéger les victimes. La Cour européenne dit que ce sont des actes cruels, inhumains. On ne peut pas laisser un enfant, une personne vulnérable subir ces violences. Le champ des réformes à faire est énorme.
On peut traiter les conséquences psychotraumatiques pour éviter qu’il y ait des conséquences à long terme sur la santé mentale et physique, sinon, c’est une perte de chance effroyable avec des risques très importants. Tout le monde doit prendre cela en compte. Il faut aussi lutter contre l’impunité. Donc il faut agir. Il faut prévenir et agir vraiment, immédiatement et en urgence. On a un champ de réformes à proposer. C’est en train de se mettre en place. On a besoin de tout le monde pour soutenir le fait qu’on ne peut pas tolérer cette situation. On ne peut pas accepter que des personnes, des enfants, des personnes vulnérables subissent ces violences qui aggravent les discriminations, qui aggravent la précarité, qui mettent en jeu leur santé. On ne va pas lâcher. On va continuer. Je pense que là ça bouge.
Céline Poulet : Merci, Docteur Salmona. Vous appelez à un électrochoc de la population pour lutter contre ce fléau. Marie Rabatel, si vous aviez trois souhaits à formuler pour aller encore plus loin, quels seraient-ils ?
Marie Rabatel : C’est d’avoir en tête que si on sait faire pour les plus fragiles, on sait faire pour tout le monde. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. On fait aujourd’hui des cas généraux. On prend l’ensemble de la population, mais on oublie toujours les personnes les plus fragiles et qui ont des vulnérabilités. Il n’y a pas que le handicap dans les vulnérabilités. Ça peut être des personnes qui sont SDF, des personnes dans la précarité. Si on sait faire pour ces personnes les plus vulnérables, on sait faire pour tout le monde. L’inverse ne marche pas.
Ensuite, le deuxième conseil c’est qu’il faut sortir de cette bulle du handicap. Avant d’être des personnes handicapées, on est des personnes. Prenons l’exemple des enfants en situation de handicap. Ces enfants en situation de handicap doivent être pris d’abord pour des enfants. Ils ont les mêmes droits que les autres. Quand on parle de scolarisation de ces enfants, ces enfants devraient dépendre de l’Éducation nationale. C’est à l’Éducation nationale d’adapter des choses pour ses enfants, et pas l’inverse, ce n’est pas aux enfants de s’adapter à l’Education Nationale.
Céline Poulet : C’est un bon teasing. On va aborder ce sujet plus tard dans les universités d’été. Docteur Salmona, quel serait vos trois souhaits pour lutter immédiatement contre ce fléau ?
Muriel Salmona : Les violences démarrent très jeune. Le premier facteur de risque de commettre des violences c’est d’avoir subi des violences. Il faut agir au plus tôt, pour les plus jeunes. Il ne faut laisser aucun enfant sans se préoccuper de ce qui lui arrive, sans faire un dépistage systématique et proposer des soins le plus tôt possible. C’est vraiment le premier souhait.
Le deuxième souhait, c’est de respecter le droit de toutes les personnes, le droit à l’égalité. Je rejoins Marie pour ça. Et que les droits soient respectés à tout moment, dans toutes les procédures, dans tout le parcours de vie des personnes.
Et le troisième souhait, c’est cette lutte contre l’impunité. C’est vraiment les dominants qui gagnent. Il y a moins de 10 % des viols qui font l’objet de plaintes. Il y a 1 % de l’ensemble des viols qui sont jugés. On est plutôt dans une évolution avec de moins en moins de violeurs qui sont condamnés. Il faut changer complètement la donne et ne vraiment plus tolérer ces violences. La justice doit aussi se mobiliser. C’est ce que disait Marie., qui est très important. C’est vraiment toute la société qui doit se mobiliser. C’est vraiment l’ensemble de la société, c’est pour cela que ça concerne toutes les institutions, tous les citoyens et le gouvernement en entier. Voilà.
Dernière chose. J’aimerais qu’il y aura une reconnaissance de la faillite totale de l’État jusqu’à maintenant, pour protéger ces enfants. Cette reconnaissance, c’est un point de départ pour qu’on change la donne.
Céline Poulet : Merci beaucoup. Vous disiez parfaitement sur l’inceste, également pour les femmes victimes de violences, il faut briser le silence, parce que c’est ce silence qui bénéficie avant tout aux agresseurs. Le mot de la fin avant que je puisse conclure cette séquence. Je vous remercie beaucoup, Docteur Salmona. Je sais que vous êtes engagée et combien vous nous aidez à comprendre les phénomènes. Marie, vous vouliez rajouter quelque chose.
Marie Rabatel : Il ne faut pas oublier que le handicap accroît les violences et que les violences accroissent le handicap. C’est un cercle sans fin. Les personnes handicapées sont de plus en plus dépendantes au lieu de développer une autonomie.
Céline Poulet : Je tiens vraiment à vous remercier. On a tous été sensibilisés. Maintenant, on a des outils pour réagir. Une fois que l’on sait on ne peut pas ne pas agir, sinon on devient complice. Il faut absolument que tout le monde puisse se saisir de la question. Ce n’est pas une question qui est pour les autres, mais c’est une question de tous les citoyens et citoyennes. Merci à vous. Les chantiers se poursuivent avec vous deux. On est souvent ensemble pour travailler sur ces sujets, pour faire avancer ces sujets. Vous nous bousculez bien souvent, et ça, c’est comme ça qu’on coconstruit les politiques publiques. Je vous remercie mesdames. Pour finir, je tiens à annoncer la rubrique qui va suivre. Nous sommes à la Bibliothèque nationale de France. Ça se voit derrière. On va parler de l’accessibilité de la Bibliothèque nationale de France. Ne nous quittez pas. C’est passionnant. Vous allez en apprendre énormément. À très vite !